La covid-19 a rebattu certaines cartes du secteur immobilier. Les acteurs du domaine ont vu plusieurs tendances se dessiner dès la fin du confinement. Comment l’immobilier vit-il le post-covid ? Quelles sont les tendances à retenir ?
Covid-19 : quelles conséquences sur l’immobilier ?
L’impact de la crise sanitaire durant le confinement a eu des répercussions immédiates sur l’activité immobilière. Tout s’est arrêté du jour au lendemain et, comme beaucoup d’autres secteurs, un réel ralentissement a été constaté. Preuve en est, en France, les transactions ont chuté avec 270 000 ventes non réalisées obligeant à rallonger les délais pour les signatures de compromis. Même chose en Suisse, où l’on a constaté une baisse des offres de vente et de location entre 20 et 40 % selon les biens, entraînant de facto une réelle baisse d’attractivité.
Se mettre au vert, la nouvelle tendance
Investir en province fait clairement partie des envies post-confinement des Français.
Qu’il s’agisse d’une volonté d’acquérir une maison secondaire au calme et proche de la nature ou bien de tout quitter pour aller vivre à la campagne, les Français veulent de la verdure. C’est encore plus vrai pour ceux qui ont été confinés dans de petits espaces dans les grandes villes.
Preuve en est : 54 % des Franciliens se déclaraient prêts à partir alors que le baromètre atteignait à peine les 40 % avant la crise sanitaire. Une autre étude montre que cette tendance est très forte chez les cadres : en août, ils étaient 83 % à envisager une mobilité régionale.
La crise économique et les incertitudes liées à l’avenir pourraient ralentir la tendance, mais toujours est-il que les recherches immobilières dans les territoires sont largement en hausse. Dans une étude, on apprend que le nombre de recherches de biens à acheter à Paris a baissé de 5 % en août 2020 par rapport à août 2019.
Paris Centre n’a plus la cote
Les Franciliens cherchent un bien soit en petite couronne pour avoir plus de verdure (Vincennes, Suresnes…) ou bien carrément dans les départements limitrophes à la région parisienne comme l’Oise (recherches en hausse de 78 %) ou l’Eure (hausse de 102 %).
En Suisse, la période post-confinement n’a pas impacté les prix de vente avec une légère hausse de 1,8 %. Même chose en France dès le mois de juin avec une hausse de 0,4 %. Pourtant, l’agence de notation Standard & Poor’s ne parie pas sur une hausse sur le long terme avec une crise économique à venir.
Un marché de la location chamboulé à Paris : la location touristique ne fait plus recette !
Meme tendance sur le marché de la location : la crise du Covid combiné à l’essor du télétravail poussent de plus en plus de locataires à se mettre au vert. Autre phénomène marquant de la rentrée, en ce mois de septembre 2020, concerne les locations touristiques à la nuitée (type airbnb) qui ne font plus recettes faute de touristes dans la capitale. De juin à août 2020, le nombre de logements proposés en location longue durée sur les sites du groupe Seloger a augmenté significativement par rapport à la même période de 2019 : +7% pour les appartements vides et +67% pour les meublés, soit près de 60% de l’offre aujourd’hui sur Paris. Même constat chez Le Boncoin.
Enfin, une étude de PAP(*) relayée par La Vie immo, montre que, parmi les propriétaires interrogés qui louaient jusqu’ici leur bien à des touristes, 9% d’entre eux ont arrêté de faire de la location saisonnière depuis le début de la crise sanitaire. Et 24% sont certains d’y renoncer également dans un proche avenir. Du coup les locataires ont davantage de choix et « reprennent un peu le pouvoir ».
Le tournant de la digitalisation
La digitalisation s’est accélérée pour les acteurs du secteur de l’immobilier. La mise à l’arrêt forcée a été un catalyseur pour le secteur. De fait, particuliers et professionnels commencent à découvrir les contours de l’agence immobilière du futur.
En seulement quelques semaines, certaines agences ont su tirer leur épingle du jeu en passant, de gré ou de force, du réel au virtuel. Ainsi, tout le process de transaction a été revu. Les visites des biens sont devenues des visites virtuelles à 360° et ceux qui avaient déjà intégré la signature électronique de baux ont même pu conclure locations et ventes. Ceux qui avaient déjà anticipé « l’agence du futur » sont sortis les moins affaiblis du confinement.
Avec la covid-19, de nouvelles tendances ont émergé dans le monde de l’immobilier. L’attrait de la campagne et la digitalisation des moyens immobiliers marqueront clairement la fin de l’année jusqu’au début 2021.
Par Cédric Launay